En Afrique subsaharienne, malgré la mise en œuvre de nombreux programmes sanitaires, la mortalité néonatale reste extrêmement élevée. D’un point de vue médical, les principales causes sont obstétricales ainsi que les diarrhées et les pneumo- nies. Mais comment comprendre la construction de ces risques et de ces situations pathogènes sans observer, analyser et comprendre de quels gestes et systèmes de sens ils résultent ?

Méthode Notre étude n’avait pas pour but de décrire d’évidentes inégalités d’accès aux soins, mais de s’interroger sur les marges d’action des acteurs. Sur ce qu’il est possible d’améliorer dans ces situations sanitaires les plus communes. Concrètement, comment se déroulent les accouchements, les premiers soins ainsi que les pratiques populaires mises en œuvre dans les premiers jours de la vie de ces nouveau-nés ? Dans cinq pays d’Afrique de l’Ouest, une étude anthropologique « multisite » a permis de suivre les premières semaines de vie des nouveau- nés ; de recenser méthodiquement, d’abord dans des services de santé périphériques, les interactions de soins lors de l’accouche- ment et de ses suites, puis en milieu rural et dans les familles, les pratiques populaires liées à la socialisation de l’enfant.

Résultats  Nos enquêtes montrent que le risque néonatal correspond à la conjugaison de plusieurs ensembles de conduites. Dans les services d’obstétrique, pour des raisons touchant au statut symbolique de l’enfant autant qu’à une certaine conception de la profession obstétricale, le nouveau-né reste marginal dans les préoccupations des sages-femmes. De ce fait, de multiples dysfonctionnements, comme ne pas réchauffer l’enfant, le laisser dans les courants d’air, ne pas l’alimenter…, constituent des variables discontinues du risque.

 
 

Agencement_deces_neonatals.pdf