d86cb38f84e47beaa545809d8979e6cb 1

20-21 mars 2012, Paris
Institut de France et Fondation Simone et Cino del Duca 

Nota : en raison de l’ampleur et de la richesse des travaux présentés, ce compte rendu est publié en plusieurs volets (voir aussi première journée). Cette deuxième partie traite des tables rondes et des interventions du second jour de la conférence. Cette page sera régulièrement actualisée au fur et à mesure de la réception des textes et documents afférents .


La 5ème conférence GID-Parmenides, intitulée « Vers une vision intégrée du développement scientifique en Méditerranée », s’est tenue à Paris, à l’Institut de France et à la Fondation Simone et Cino del Duca, les 20 et 21 mars 2012.

Elle a réuni plus d’une centaine de personnalités scientifiques et politiques représentant une vingtaine de pays et 23 académies de la région méditerranéenne.


Organisée par le Groupe inter-académique pour le développement (GID), l’Académie des sciences (France), l’Académie nationale de médecine, l’Académie des technologies (France), l’Académie d’agriculture (France),

avec le soutien de l’Institut de France, du ministère des Affaires étrangères et européennes, de l’Agence Française de Développement et de la Mission Interministérielle « Union pour la Méditerranée »,

et avec la participation du Euro-Mediterranean Academic Network (EMAN), de la Fédération de la Construction, de l’Urbanisme & de l’Environnement (COBATY), de la Bibliotheca Alexandrina, de l’Académie Hassan II des Sciences & Techniques du Maroc et de l’Académie nationale des Sciences & Technologies du Sénégal.

Tables rondes du second jour de la conférence (21 mars 2012)

Le GID et le développement scientifique de la Méditerranée

10h51m27s 1027x366-14963
André Capron, Membre de l’Institut, Président du Groupe Inter-académique pour le Développement (GID) : le programme Parmenides 
Yannick Jaffré, anthropologue (CNRS), Gilles Riveau, Directeur Gal. EPLS et Institut Pasteur (Lille), Francis Segond, Dir. Comm. GID : le programme WHEP 
Olivier Houdé, Professeur de psychologie, Paris V Sorbonne : le programme Avicenne 
François Gros, Académie des sciences, Institut de France, Robert Guillaumont, Académie des sciences, Institut de France : Ateliers sciences, métiers, sociétés 
Maurizio Brunori, Linceo, Accademia Nazionale dei Lincei, Italie : the Euro Mediterranean Academic Network (EMAN)

Quels problèmes dans la perception de la science ?

Témoignages et propositions de scientifiques d’Afrique du Nord et du Moyen Oriente

09-19c40

André Capron, Membre de l’Institut, Président du Groupe Inter-académique pour le Développement (GID) : Présentation de la table ronde
Yehia Halim Zaky, Directeur des affaires académiques et culturelles, Bibliothèque d’Alexandrie (Égypte)
Mohammed Ait Kadi, Académie Hassan Ii des sciences et techniques (Maroc)
Koussay Dellagi, IRD, La Réunion, ancien directeur de l’Institut Pasteur de Tunis (Tunisie)
Kada Allab, Conseiller auprès du Président du CNES (Algérie)

Les sciences et les technologies dans le développement méditerranéen : perspectives

Propositions d’actions en sciences et technologies ; Santé et sociétés méditerranéennes : pour un Observatoire méditerranéen de la Santé

46-capron-33514

André Capron, Membre de l’Institut, Président du Groupe Inter-académique pour le Développement (GID)

Convergences euro-méditerranéennes


12h02m02s 1047x372-72212

Jean-Claude Topin, chargé de mission GID 
Gilles Lebeau, Académie des sciences, Institut de France 
Édouard Brézin, Académie des sciences, Institut de France 
Michèle Leduc, Directrice de l’Institut Francilien de Recherche sur les Atomes Froids (IFRAF), ENS 
Kmar Bendana, historienne, Université de la Manouba, IRMC (Tunisie) 
Bernard Hubert, Président d’Agropolis International, Montpellier (France) 
Pascal Marty, Directeur Europe et International, Institut des Sciences Humaines et Sociales, CNRS

Quelles propositions des politiques publiques dans le cadre des engagements de l’UpM ?

24-818fa

Giulia Marchesini, Département Méditerranée et Moyen-Orient : L’Agence française de Développement (AFD)
Véronique Brumeaux, Ministère des Affaires étrangères et européennes
Patrick Barraquand, Mission interministérielle Union pour la Méditerranée (France)
Joseph Mifsud, Président EMUNI (Euro-Mediterranean University)
Laurent Bochereau, Chef d’Unité « Politique en matière de coopération internationale, DG Recherche et Innovation »

Conclusions et allocutions finales

12h25m26s 981x378-a31d6

Michèle Gendreau-Massaloux, Mission interministérielle Union pour la Méditerranée (France)
Pierre Laffitte, Président et fondateur de la Fondation Sophia-Antipolis
Catherine Bréchignac, Secrétaire perpétuel, Académie des sciences, Institut de France, Ambassadeur délégué à la science, la technologie et l’innovation

Le GID et le développement scientifique de la Méditerranée

 

01-capron-2bac3 André Capron, Membre de l’Institut, Président du Groupe Inter-académique pour le Développement (GID)

Les Conférences Parmenides ont été créées par le GID en 2008 pour assurer en coordination avec le réseau EMAN des Académies méditerranéennes (19 à ce jour), le développement et la promotion d’un Espace Méditerranéen de la Science.

Visant symboliquement à la construction d’un temple du savoir, chacune des Conférences Parmenides souhaite contribuer à l’édification d’un des piliers essentiels du développement.

L’une des spécificités fortes de Parmenides repose sur la volonté d’associer au renforcement de l’identité scientifique d’excellence de la région méditerranéenne, l’utilisation de la Science comme vecteur permanent du développement et du progrès social et économique. Chacune des 4 Conférences Parmenides organisées à ce jour a été marquée par une prise en compte importante des dimensions sociétales. La dimension internationale donnée dès leur création aux Conférences Parmenides a été concrétisée par la participation à chacune d’entre elles d’une moyenne de 19 à 23 pays méditerranéens.

A cet égard, Parmenides, plateforme de connaissances partagées, sert de pivot entre tous les pays riverains de la Méditerranée sans oublier son Sud, Pays du Moyen Orient et Continent Africain en renforçant la collaboration et les échanges permanents.

Enfin, l’impact des Conférences est renforcé par la publication sur le site g-i-d.org et par des brochures techniques, de conclusions et de recommandations transmises aux responsables politiques de la région méditerranéenne.

Parmenides 1 : « Environnement et développement durable en Méditerranée : agriculture halieutique et environnement marin, impacts et changements climatiques » a eu lieu à Paris du 23 au 26 Juin 2008 à l’Institut de France.

Réunissant près de 150 chercheurs et les représentants de 21 pays méditerranéens, la Conférence a produit des recommandations de stratégies scientifiques qui ont été transmises aux chefs d’état et de gouvernement, réunis à Paris le 13 Juillet 2008.

Parmenides 2 consacrée à « Science et Santé en Méditerranée, gênes et environnement » , s’est tenue à Rome du 12 au 14 octobre 2009. Réunissant une centaine de participants, la Conférence a permis de souligner l’importance particulière désormais revêtue par les problèmes de santé publique liées aux changements des modes de vie et d’alimentation en Méditerranée.

La participation active des représentants de la Santé et de l’Education a permis une transmission directe et une des recommandations après des conférences interministérielles euro méditerranéennes.

Parmenides 3 : « Richesse et diversité Méditerranéenne, biologie et cultures » . Cette Conférence, tenue à la Bibliothèque Alexandrine du 21 au 24 Juin 2010 a été consacrée au thème général de la biodiversité et de la diversité culturelle à partir de 3 objets marquants essentiels de la biodiversité : arbre et espaces boisés, le poisson et d’un objet de la diversité culturelle : le livre.

Permettant de manière originale et très fructueuse un dialogue entre biologies et sciences humaines, Parmenides 3 a rédigé les convergences des préoccupations et les énergies indispensables dans les efforts entrepris pour la préservation des diversités biologique et culturelle.

Parmenides 4, sous le titre « Eau et assainissement, enjeux et risques sanitaires en Méditerranée » . La Conférence a souhaité aborder l’un des enjeux les plus négligés du développement, celui de l’assainissement. Alors que des progrès considérables ont été faits dans l’accessibilité des ressources en eau 40 % de la population mondiale (2.5 milliards) n’ont pas accès aux structures hygiéniques de base.

Les maladies transmises par l’eau sont poursuivies et certaines d’entre elles (maladies diurétiques) représentent la 2ème cause de mortalité infantile (2 millions de morts par an). Cette situation n’est pas l’apanage des pays en développement et concerne aussi la région Méditerranée ou 45 millions d’habitants, 25 % des foyers ruraux n’ont pas accès aux équipements d’hygiène les plus élémentaires. Au travers d’un dialogue particulièrement riche, 35 présentations réunissant chercheurs, ingénieurs, administrateurs de santé publique, économistes, des recommandations importantes ont été élaborées, rassemblées dans le rapport public et repris pour l’essentiel dans la session « Santé et Sociétés Méditerranéennes ».

Parmenides 5 : qui nous réunit aujourd’hui rassemble des représentants de 19 pays méditerranéens et de 14 Académies. Elle vise par une approche intègre des conclusions des 4 Conférences Parmenides précédentes, à une synthèse prospective des actions à entreprendre.

Au total, les Conférences Parmenides ont permis d’associer, dans un contexte international, les analyses de la communauté scientifique méditerranéenne concernant les grands enjeux du développement régional.

On notera bien sur la forte composante « Santé et Environnement » qui a marqué ce premier cycle de conférences, à l’incitation des pays partenaires et des institutions de parrainages. On peut concevoir que le 2ème cycle des Conférences Parmenides qui pourrait s’ouvrir dans quelques semaines fasse une place plus large aux autres grandes composantes du développement : énergie, technologies d’information, sciences humaines et sociales, ressources naturelles, qui n’ont été que peu abordés dans cette première étape.

Le GID accueillera avec intérêt toutes suggestions et propositions thématiques qui pourraient enrichir l’avenir d’une initiative qui a montré au-delà de sa mission de culture scientifique d’excellence, ses capacités fédératrices.

 

Le programme WHEP

Yannick Jaffré, Gilles Riveau et Francis Segond, responsables du programme WHEP

 

02-whep-a50d6 1. Présentation du programme WHEP

Le GID s’est fixé pour ambitieuse mission de contribuer au développement, à l’essor et à l’émancipation des sociétés par la science et les techniques, par le partage et l’appropriation du savoir, dans le respect des cultures, avec l’impartialité et l’indépendance propre à l’esprit des académies.

Il a pour cela articulé ses travaux autour de cinq programmes spécifiques qui étudient, suscitent de nouvelles voies, établissent des recommandations pour promouvoir, avec « EMAN », la coordination et l’animation de programmes de développement grâce à un réseau régional d’académies, avec « Sciences, Métiers, Sociétés », la formation des cadres scientifiques et techniques, avec « Avicenne », l’étude et la mise en place de nouvelles stratégies éducatives, avec « Parmenides », un grand espace méditerranéen de la science, avec « WHEP » – ou Women Health Education Programme – enfin, le soutien à l’éducation à la santé par les femmes.

Il ne faut pas restreindre le GID au seul bassin méditerranéen parce que deux de ses programmes, EMAN et Parmenides, qui nous réunit aujourd’hui, se consacrent à cet espace régional. Le WHEP, par exemple, le plus ancien programme du GID l’ayant même, en quelque sorte, précédé, a une ambition plus universelle qui ne se limite pas au seul pourtour méditerranéen.

Voici maintenant plus de cinq ans que le professeur André Capron créa le « Women Help Education Programme » avec ces mots :

« Le WHEP est chargé d’accompagner des projets nationaux contribuant à l’amélioration de la santé de tous par l’éducation des femmes dans les pays en développement. Le WHEP a pour objectif de promouvoir la santé par les femmes en favorisant et en adaptant toutes les méthodes d’éducation disponibles. »

Un bilan des activités déployées par le WHEP sur trois axes distincts rend compte de la tâche accomplie :

  • Accompagnement, soutien et suivi de projets nationaux
  • Le projet pilote d’éducation à la santé en milieu scolaire rural, « La Santé Au Fil de l’Eau » , en étroite collaboration avec l’Académie des Sciences et Techniques du Sénégal et sous le patronage des autorités régionales, nationales et internationales, que le WHEP a conduit dans le cadre de l’aménagement du bassin du Fleuve Sénégal ;
  • « Les Femmes dans l’administration de l’eau », projet soutenu par Asma El Kasmi, actuelle directrice de l’Académie Arabe de l’Eau ( Arab Water Academy) et titulaire de la chaire UNESCO « Eau, femmes et pouvoir de décision » ( Water, Women and Decision Power ) ; 
  • Appui aux initiatives WHEP en Afrique Sahélienne, avec l’ONG EPLS.
  • Création du site internet whep.info

Depuis 2006, le site internet bilingue français-anglais, whep.info, offre au public une plate-forme d’information et d’échange, regroupant nouvelles et articles scientifiques, travaux universitaires et expériences de terrain, librement téléchargeables. Au service de tous les acteurs impliqués dans le programme WHEP, il a été conçu pour coordonner les informations et les échanges d’idées, de projets de formation, d’éducation et de documents pédagogiques.

  • À ce jour, il a accueilli près de 300.000 visiteurs uniques.
  • Environ 150 textes scientifiques publiés, dont plusieurs thèses de doctorat, des mémoires de DEA et de Master II, des articles d’anthropologie et de sociologie, quelques billets d’opinion sur des sujets d’éthique médicale et scientifique, ainsi que des recensions d’ouvrages récemment publiés et des pages d’actualités.
  • Certains articles, traitant de sujets très spécifiques comme l’anthropologie de la santé ont été téléchargés plus de 20.000 fois, des thèses de doctorat plus de 5.000 fois, tout comme prises de position de femmes universitaires africaines sur des sujets d’éthique et de science.
  • Activités éditoriales

Depuis 2009, le WHEP a étendu ses activités à la publication d’ouvrages scientifiques, dont notamment une collection sur le thème de l’« Anthropologie de la santé », dirigée par Yannick Jaffré. Ces livres sont simultanément publiés, pour la plupart, en version papier et en version électronique, librement téléchargeable.

C’est ainsi qu’ont déjà vu le jour les ouvrages suivants :

  • « Approche lexicale du corps souffrant en langue bambara », dictionnaire bambara-français à l’usage des professions médicales de Yannick Jaffré ;
  • « La Bataille des femmes », sous la direction de l’anthropologue Yannick Jaffré ;
  • « L’Art des matrones revisité », sous la direction de l’anthropologue Pascale Hancart-Petitet. Cet ouvrage de référence a été depuis acquis par de nombreuses écoles d’infirmières et de sages-femmes, notamment en Belgique, Suisse, France et au Canada ;
  • « Eau, santé, éducation au Nord Sénégal », de l’anthropologue Jérôme Coll, résultat de la première mission de WHEP dans le bassin du fleuve Sénégal.

D’autres titres sont actuellement en préparation, en français et en anglais pour certains. Yannick Jaffré vous en dira plus dans quelques instants.

Conclusion

Le maître-mot « éducation » s’est concrétisé – depuis 2006 – sous la forme du projet EPLS puis, grâce au développement de la fréquentation du site internet, par la mise à la disposition du public des pays émergents de textes scientifiques et universitaires.

Le WHEP a encore beaucoup à faire et ses missions à venir sont nombreuses. Hormis la poursuite des publications scientifiques et l’animation du site, il est partie prenante dans des actions de terrain dont Gilles Riveau vous précisera la nature

Il reste encore beaucoup à accomplir, à relancer, à motiver : les résultats et les succès obtenus lors des missions du WHEP méritent une large publicité afin de susciter des initiatives similaires dans d’autres régions ou pays.

Pourquoi Le WHEP ?

L’éducation, la femme, la mort maternelle, l’enfant et la santé sont liées et c’est pour cela que le WHEP travaille sur les femmes, les enfants et l’éducation.

 

2. L’avenir du programme WHEP

 

Yannick Jaffré, anthropologue, Dir. rech. CNRS et EHESS)

 

3. Un projet local conforme aux objectifs du WHEP

 

Gilles Riveau, Dir. rech. CNRS, Institut Pasteur Lille, fondateur ONG EPLS

 

Le programme Avicenne

Olivier Houdé, Professeur de psychologie, Paris V Sorbonne, responsable du prog. Avicenne

   

05-houde-907edOlivier HoudéLe programme AVICENNE a été créé par le Professeur André Capron pour promouvoir la diffusion des connaissances (en matière de santé, environnement, et sciences en général) et améliorer, à travers des stratégies éducatives et neuro-cognitives appropriées, l’intégration de ces connaissances dans leurs contextes socioculturels.

L’un des objectifs du groupe AVICENNE est d’explorer la question de la pédagogie qui peut prendre des sens différents dans chaque culture du bassin méditerranéen : quelles sont à la fois les traditions et les expériences créatives actuelles ? Les décideurs politiques et les acteurs responsables des programmes éducatifs doivent être directement informés de cette « cartographie pédagogique ».

Le groupe AVICENNE bénéficie d’un espace dédié sur le site web du GID, permettant des interactions aisées et permanentes entre tous les partenaires méditerranéens.

Projets :

  • Cours de Sciences cognitives et neurosiences pour les métiers de l’éducation dans les différents pays méditerranéens (dans l’esprit des cours de biologie de Sciences, métiers et société)
  • Neuropédagogie du contrôle cognitif en contextes

Les Ateliers « Sciences, Métiers, Sociétés »

François Gros, Secrétaire perpétuel honoraire, Académie des sciences, Institut de France

 07-gros-27150  


Si on reconnaît à la Science un rôle essentiel de moteur du développement, chacun admet également que la réalisation des objectifs scientifiques requiert dans les pays en développement des exigences particulières pas toujours satisfaites.

4 principes fondamentaux peuvent être, à cet égard, énoncés :

  • Associer à l’universalité du savoir, la spécificité biophysique et socioculturelle des pays et des régions où ces connaissances s’appliquent ;
  • Insérer le savoir dans la réalité de la pratique du développement en lui donnant un caractère intégré (scientifique, économique, social et juridique), adapté à la pratique des métiers et orienté vers l’excellence professionnelle ;
  • Structurer dans ce contexte les stratégies de formation ;
  • Intégrer à la pratique des savoirs, l’ensemble des acteurs : Académies ; universités ; institutions, organisations publiques ; société civile.

Le GID oriente son action vers le renforcement des compétences (« capacity strengthening ») des cadres scientifiques et techniques des pays en développement.

Des cycles de perfectionnement de haut niveau placés sous le parrainage et avec le concours des Académies des Sciences (France, Italie, Maroc, Sénégal, Tunisie) seront ainsi organisés par les Universités en association avec les services compétents des ministères concernés.

Ils seront pilotés et mis en œuvre par des comités scientifiques placés sous l’autorité morale des Académies.

Ces cycles destinés à des cadres scientifiques et techniques des Pays en Développement (PED), sont ainsi articulés selon le triptyque : « sciences, métiers, sociétés ».

Robert Guillaumont, Académie des sciences, Institut de France

   


06-guillaumont-e6b4aObjectifs, Caractéristiques :

Apporter les dernières connaissances scientifiques et technologiques spécifiques d’un domaine à des acteurs professionnels des pays participants, décideurs et cadres techniques choisis en raison de leur implication sociétale.

Création d’un réseau pérenne d’information entre les intervenants.

Placés sous l’autorité des Académies, sources de compétences pluridisciplinaires et d’expertises, ils donnent des informations indépendantes et impartiales.

Ils comportent en principe trois volets : un volet pluridisciplinaire d’actualisation des connaissances, un volet de débat entre participants et, si possible, un volet de perfectionnement complémentaire.

Ce ne sont pas des colloques scientifiques traditionnels, les participants sont désignés, les échanges sont privilégiés aux exposés et la convivialité est recherchée.

Il s’agit d’informer et non de former des acteurs nationaux sur les grands problèmes relatifs aux sciences et techniques, en vue d’améliorer les réponses aux attentes.

Ainsi l’universalité du savoir est associée à la spécificité socioculturelle des pays et des grandes régions et un « savoir intégré » (scientifique, économique, social, voire juridique) est inséré dans la pratique du développement en l’adaptant aux métiers qui en sont le support.

L’organisation des ateliers tient compte de la disponibilité des participants (3 à 4 jours) et vise à rendre immédiate l’information entre participants sous forme de supports écrits et audiovisuels (DVD et CDR).

Un atelier se déroule dans un pays hôte accueillant les pays invités.

Atelier « Enjeux et défis de l’énergie » Rabat 18-24 novembre 2007

Sans accès à l’énergie, si faible soit elle, pas de santé. C’est dans cette optique que l’atelier a été organisé par l’AH2ST avec 2 Comités de pilotage.

Il a touché au total 40 participants dont 12 représentants de 7 pays d’Afrique subsaharienne francophone (Cote d’Ivoire, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie Sénégal et Tchad), 18 Marocains et 10 Français.

Les invités Africains et Marocains étaient de hauts responsables de ministères ou d’administrations de l’énergie dans leur pays respectif.

Environ 30 h de présentations et d’échanges.

Une journée a été consacrée à des visites d’installations techniques de l’ONE (Office National de l’Electricité).

Tout au long de l’Atelier les principales séquences de déroulement et notamment celles d’échanges ont été partiellement filmées puis montée sur un DVD accompagnée de la collection de toutes les présentations réunies sur un CD Rom.

L’ensemble a été remis à chaque participant à l’issue de la séance d’évaluation et de clôture.

Enseignements

  • cibler les ateliers sur les situations spécifiques de chaque pays pour faciliter l’émergence des demandes et les possibilités technologiques offertes sur le marché (aller de l’aval à l’amont).
  • prendre les problèmes selon la demande et non selon l’offre et rester le plus possible concret. Les bilans mondiaux ne reflètent pas les bilans locaux.
  • inclure des données sur la stratégie, les mécanismes économiques, les coûts et les modes de financement des projets de développement en énergie (rôle des organisation mondiales, des grands organismes, des collectivités locales, relations public-privé, analyse risques-conditions de succès, … ).
  • document de « Recommandations » pour préparer de tels ateliers.

Atelier « Agriculture, Alimentation et Biotechnologie » Dakar, 16-20 novembre 2009

Le thème a été dicté par les problèmes liés à la crise alimentaire, notamment dans l’Afrique sub-saharienne. L’Atelier a été organisé par l’ANSTS en se calant sur les enseignements de l’atelier de Rabat.

Il a touché en permanence 40 participants dont 10 représentants invités de 7 pays d’Afrique subsaharienne francophone (Afrique du sud, Benin, Burkina-Fasso, Cameroun, Cote d’Ivoire, Guinée, Togo) et plusieurs experts français, mais la majorité des participants était du Sénégal.

Le programme a conduit à environ 20 h de présentations et d’échanges.

Une journée a été consacrée à des visites d’installations de l’IRD à Dakar.

Les invités Africains étaient des chercheurs, de hauts responsables de ministères ou d’administrations des pays respectifs.

Enseignements

Un rapport général et 10 recommandations d’actions (16 pages) ont été approuvés en fin d’atelier.

Ce rapport fait état des constats sur la situation des pays francophones Sub-Sahariens en matière d’agriculture d’alimentation et de l’apport possible des biotechnologies végétales.

Ce n’est pas un rapport de plus sur les grands problèmes généraux, car même s’il les évoque, il cible des faits concrets du vécu quotidien et décrit des expériences de terrain.

Les politiques nationales sont souvent en décalage avec les besoins. En effet les problèmes de l’Afrique Sub-Saharienne dans les domaines examinés sont bien identifiés mais les outils de développement (technologiques, législatifs) et les moyens financiers pour gérer des projets lourds, qui appellent de grosses sommes, manquent.

Avenir

L’expérience acquise permet d’envisager la tenue d’autres Ateliers.

Le principal obstacle a été de réunir le financement (environ 70 000€) et c’est le frein à de nouveaux projets.

Des discussions sont en cours sur les possibilités suivantes : Atelier Energie solaire thermodynamique (Académies d’Espagne et du Maroc), Gestion de l’eau (Académies du Cameroun et du Maroc). 

EMAN : Euro-Mediterranean Academic Network

Maurizio Brunori, President of EMAN, Accademia Nazionale dei Lincei, Rome

   

08-brunori-0415cThe Mediterranean is an area of our planet endowed with unique features being at the same time the birthplace of civilization/s and the site of diversity par excellence encompassing social, cultural, ecological and political diversity. EMAN , the regional network including the Academies of Science of the Mediterranean Countries, may acquire the role of a challenging model for North-South cooperation for scholarship and science. The InterAcademyPanel (IAP), the global network of science academies, has recognized to EMAN the status of Observer regional network.

EMAN is a non-governmental, non-political and non-profit organization, whose mission is to promote the growth and coordination of a Mediterranean Science Area . In view of its unique identity, a blend of its bio-genetic unity and its cultural and biological diversity, the Mediterranean Region is an ideal laboratory for a shared scientific and technological as well as social and human development, an urgent endeavor in a global world.

The general mission of the EMAN is to act as an independent Euro-Mediterranean forum to encourage the Academies of all Mediterranean Countries to cooperate and discuss the scientific aspects of problems of common concern, to prepare joint statements on major issues relevant to the development of the Mediterranean Region, and to provide mutual support to Member Academies. Eligible for membership of EMAN are all Academies of science of the Mediterranean Region that elect their members on the basis of scientific merit and that do not deny membership on ideological, ethnical, religious or gender-related grounds. In pursuing its objective, EMAN seeks collaboration with Academies outside the Region as well as with international organizations.

Specific aims of EMAN are : to elaborate and provide advice to governments and regional organizations ; to promote cooperation among the Academies in the Mediterranean Region ; to built their capacity to improve their role as independent expert advisors to governments ; to assist science communities to set up national independent Academies where such bodies do not exist ; to organize conferences, workshops and symposia ; to issue statements and prepare reports on topics of major Mediterranean concern.

The first General Assembly of EMAN was held at the Bibliotheca Alexandrina in Egypt, on 21 June 2010 ; on that occasion the General Assembly approved the Statutes of EMAN and elected the members of the Executive Committee. The second General Assembly, held in Rabat (Morocco) on 22 November 2011, approved amendments to the Statutes (see the web site of the GID : www.g-i-d.org).

The EXECUTIVE COMMITTEE OF EMAN :

  • President : Prof. Maurizio Brunori (Accademia Nazionale dei Lincei, Italy)
  • Vice-Presidents : Prof. Yücel Kanpolat (Turkish Academy of Sciences, Turkey) ; Prof. Georges Bahr (Lebanese Academy of Sciences, Lebanon) ; Prof. Albert Sasson (Académie Hassan II des Sciences et Techniques, Morocco)
  • Secretary General : Jacques Fröchen (Académie des Sciences, Institut de France, France)
  • Honorary President : Prof. André Capron (Académie des Sciences, Institut de France, President of GID, France)

The Countries that are formally representing the CONSTITUENCY OF EMAN are :

  • Albania : Albanian Academy of Sciences
  • Algeria : no academy of science
  • Bosnia and Herzegovina : Academy of Sciences and Arts of Bosnia and Herzegovina
  • Croatia : Croatian Academy of Arts and Sciences
  • Cyprus : Cyprus Research and Educational Foundation
  • Egypt : Academy of Scientific Research and Technology, Bibliotheca Alexandrina
  • France : Académie des sciences (Institut de France), Académie des sciences morales et politiques (Institut de France), Académie des inscriptions et belles lettres (Institut de France), Académie des technologies de France, Académie nationale de médecine, Académie d’agriculture de France
  • Greece : Academy of Athens
  • Israel : Israel Academy of Sciences and Humanities
  • Italy : Accademia Nazionale dei Lincei
  • Jordan : Royal Scientific Society of Jordan
  • Lebanon : Lebanese Academy of Sciences
  • Libya : no academy of science
  • Malta : Malta Council for Science and Technology
  • Monaco : Institut Océanographique – Fondation Albert 1er
  • Montenegro : Montenegrin Academy of Sciences and Arts
  • Morocco : Académie Hassan II des Sciences et Techniques
  • Palestinian Nat. Authority : Palestine Academy for Science and Technology
  • Portugal : Academia das Ciências de Lisboa
  • Senegal : Académie Nationale des Sciences et Techniques du Sénégal ( Observer )
  • Serbia : Serbian Academy of Sciences and Arts
  • Slovenia : Slovenian Academy of Sciences and Arts
  • Spain : Real Academia de Ciencias Exactas, Físicas y Naturales
  • Tunisia : Académie Tunisienne des Lettres, des Sciences et des Arts Beït-Al-Hikma
  • Turkey : Turkish Academy of Sciences

The PARMENIDES PROGRAM of GID

EMAN has collaborated with GID (Groupe Inter-académique pour le Développement) to undertake several concrete initiatives, among which the PARMENIDES program stands out. The present Conference Parmenides V , is an outstanding and unique opportunity to present an integrated version of the scientific, technical and cultural development in the Mediterranean, through innovation, integration, and investment. The previous Parmenides Conferences were held in Paris at the Académie des sciences in June 2008 ( Environment and sustainable development ) ; in Rome at the Accademia Nazionale dei Lincei in October 2009 ( Science and health in the Mediterranean Countries ) ; in Alexandria at the Bibliotheca Alexandrina in June 2010 ( Parmenides III Conference on Mediterranean wealth and diversity : biology and culture ) ; and in Rabat in November 2011 (Water and Sanitation : Health Challenges in the Mediterranean Region).

NOVEL GID-EMAN INITIATIVES

During 2011, extensive consultations with members of several of the Academies of EMAN led to conceive a novel format of activity to be undertaken in collaboration with national Academies on various possible topics, provided they are consistent with the mission of EMAN , of high scientific caliber and of obvious impact on the socio-economic welfare of the Mediterranean Countries.

The two initiatives that are being organized as a result of these extensive contacts with some of the Academies deal with two scientifically and economically important areas, one addressed to technology and focused on “solar energy”, and the other to humanities focused on “archaeology and restoration”.

Concentrating Solar Power : a training course

In November 2011 EASAC (European Academies Science Advisory Council) issued a policy report on Concentrating solar power : its potential contribution to a sustainable energy future , that evaluated the prospects of this new technology, as well as the economic and technical fallout. Given the significance of discussing the technological aspects and the prospects of extending to a Mediterranean scale, a GID-EMAN training course on this topic is being organized by the Spanish Academy of Sciences. The main drive of this initiative lies in the potential value to utilize solar power in European and African countries and the foreseeable transfer of energy from Africa to Europe.

The course, to be held in Seville in November 2012, has been catalyzed by Prof. Albert Sasson, Vice-President of EMAN and member of the Academy Hassan II of Morocco, and Prof. Francisco García Novo of the Real Academia des Ciencias Exactas, Fisicas y Naturales of Spain. The scientific and organizational responsibility is in the hands of Prof. Mahfoud Ziyad (Hassan II Academy of Science and Technology, Morocco) and Prof. Valeriano Ruiz Hernández (Escuela Superior de Ingenieros, Spain ; and associate member of the Hassan II Academy).

Mediterranean Archaeology : a training course

Archaeology not only is a discipline central to culture and history of civilisation in the Mediterranean, but also an important component of development being a driving force behind the so-called cultural tourism, which contributes significantly to the income of several if not all Mediterranean Countries. Therefore focusing on Mediterranean Archaeology seems an ideal blend of cultural activities certainly relevant to socio-economic development.

This new GID-EMAN endeavor, organized by the Accademia Nazionale dei Lincei of Italy, will be held in October 2012 partly at the headquarters of the Academy and partly at a specific archaeological site in Rome (presently being restored), that will be selected by the Scientific-Organizing Committee. The course will provide an opportunity for scientific training of students coming from all Mediterranean Countries and already committed to conservation and restoration of archaeological monuments and artifacts from the past. It is therefore conceived as a combination of frontal lectures and focused seminars by some of the greatest experts of archaeological discoveries, and qualified on site hands-on activities in a specific and suitably chosen archaeological area in Rome.

The Scientific-Organizing Committee of the course is composed of eminent archaeologists and personalities of international standing under the chairmanship of Prof. Louis Godart, Linceo. The other members are : Maria Andreadaki-Vlazaki (Athens) ; Azedine Beschaouch (Tunisia) pending ; Mounir Bouchenaki (Algeria) ; Maurizio Brunori (Rome) ; Stefano De Caro (Rome) ; Eugenio La Rocca (Rome) ; Luigi Malnati, MBCA (Rome) pending ; Maurizio Melani, MAE (Rome) ; Alain Pasquier (Paris) ; Paolo Sommella (Rome) ; Catherine Virlouvet, École Française in Rome.

The students will be limited to 40 people already committed to archaeology, preferentially of young age (maximum 35 to 40 years), that will be invited among those indicated by the constituency of EMAN and supported by fellowships provided by the Fondazione Roma-Mediterraneo of Rome, the main sponsor of the initiative. The format of the training course is fairly original involving : (i) lectures on general but focused topics in the field of archaeology and restoration ; (ii) illustration in loco of practical problems of conservation and restoration of a specific archaeological site ; (iii) an extensive discussion on the historical and technical problems focused during the first two days of the course.

It is expected that this group of young archeologists from all Mediterranean Countries will profit from a qualified experience directly relevant to their professional field and will develop personal relationships that may cement and catalyze future collaborations in Archæology, Restoration and Conservation of our common cultural heritage.

(…) Oh ! Méditerranée ! Et le miracle de ton histoire,
Tu l’enfermes tout entier
Dans l’explosion de ton sourire (…)
Albert Camus, Méditerranée, 1933

Quels problèmes dans la perception de la science ?

Témoignages et propositions de scientifiques d’Afrique du Nord et du Moyen Orient

47-capron-2-2ab4d  

Présentation de la table ronde
André Capron, Membre de l’Institut, Président du Groupe Inter-académique pour le Développement (GID)

09-zaki-76269  

Communication de Yehia Halim Zaki
Yehia Halim Zaky, Directeur des affaires académiques et culturelles, Bibliothèque d’Alexandrie (Égypte)

10-kadi-c8250  

Communication de Mohammed Ait Kadi
Mohammed Ait Kadi, Académie Hassan Ii des sciences et techniques (Maroc)

 11-dellagi-b9e58  

Communication de Koussay Dellagi
Koussay Dellagi, IRD, La Réunion, ancien directeur de l’Institut Pasteur de Tunis (Tunisie)

 12-allab-9d4cb   Communication de Kada Allab

Kada Allab, Conseiller auprès du Président du CNES (Algérie)

 

Les sciences et les technologies dans le développement méditerranéen : perspectives

Propositions d’actions en sciences et technologies ; Santé et sociétés méditerranéennes : pour un Observatoire méditerranéen de la Santé 

   

46-capron-33514André Capron, Membre de l’Institut, Président du Groupe Inter-académique pour le Développement (GID)

André CapronL’amélioration de la Santé des populations est une composante essentielle du développement durable.

Le thème de la Santé a été à ce titre au centre des actions du GID conformément aux souhaits exprimés par de nombreux partenaires méditerranéens et des vœux formulés par le Secrétariat Général et la Mission Interministérielle de l’UPM.

Dans ce contexte, le Programme WHEP et 2 conférences Parmenides (Rome 2009) et (Rabat 2011) ont concrétisé les initiatives du GID et permis l’élaboration de pespectives d’actions futures.

Le programme WHEP, créé en 2003 à l’initiative de l’Académie des Sciences de France (Prof. A. Capron), sous l’égide de l’IAP, WHEP a été intégré en 2007 aux structures du GID. WHEP (Women Health Education programme) vise à promouvoir la Santé par les Femmes, acteurs essentiels du développement sanitaire. Fondé sur l’éducation, il vise à favoriser l’accès des femmes aux savoirs scientifiques, notamment l’hygiène et la nutrition en pleine cohérence avec un rôle familial et social au sein des communautés où elles visent en agissant sur leurs gestes de santé, en un processus intégré aux communautés et en impliquant les autorités qui en sont chargées.

Yannick Jaffré, Francis Segond et Gilles Riveau ont rendu compte ce matin des principales réalisations de WHEP au cours des dernières années.

La création d’un site WEB interactif qui a reçu à ce jour 300 000 visiteurs uniques (300 par jour actuellement en moyenne) qui est devenu l’un des sites les plus actifs d’éducation et d’échanges dans ce domaine dans les pays en développement. Certains documents (mémorisés) ont été téléchargés jusqu’à 20 000 fois. La publication, entreprise récemment, d’une construction d’ouvrages connaît par ailleurs un très grand succès.

PARMENIDES

Les Conférences Parmenides II tenue à Rome en octobre 2009 sous le titre « Science et Santé en Méditerranée, gênes et environnement » a hormis au-delà de son objectif initial de souligner particulière désormais réactive par les problèmes de santés publiques liés au changement des modes de vie et d’alimentation en Méditerranée.

L’évolution des systèmes alimentaires a été particulièrement influencée par une urbanisation marquée, une littoralisation importante conduisant à des majorations rurales.

L’industrialisation massive de l’alimentation, l’émergence explosive de la grande distribution, l’essor des produits alimentaires transformés et la large diffusion des boissons sucrées ont conduit à développer une alimentation à haute densité énergétique et à favoriser une surconsommation calorique.

La résultante de ces évolutions en terme de santé, a conduit en moins de 20 ans à l’émergence explosive des maladies métaboliques (obésité, diabète) et de leurs conséquences dans diverses régions du monde, plaçant certaines d’entre elles, telle la région méditerranéenne réputée proverbialement pour les vertus de ses régions, parmi celles où la progression est la plus importante.

Nous ne pouvons là que mentionner quelques chiffres (issus du rpport que j’ai publié en 2010 sur le site du GID). La prévalence de l’obésité a atteint 10 à 40 % de la population XXX particulièrement inquiétante chez les jeunes. On constate au Maghreb une augmentation spectaculaire de la moyenne des surpoids associés à une prévalence importante de l’hypertension artérielle qui touche plus d’un tiers de la population adulte en Tunisie et au Maroc. Mais c’est le diabète de type II qui contribue l’indicateur le plus important.

La prévalence globale en Méditerranée est de 9.2 % notamment au Maghreb alors qu’elle est de 2.9 en France et de 3.5 % en Europe. Cette prévalence devient dramatique dans les pays du Golfe, elle dépasse 18 % dans les Emirats Arabes Unis et 16 % en Arabie Saoudite.

Cette prévalence, diabète, obésité, hypertension artérielle, multiplie par 4 la probabilité d’un accident cardio vasculaire. Ce risque qui est proche de 20 % au Maroc atteint désormais près de 40 % de la population urbaine en Arabie Saoudite.

Parmenides 4 consacrée au thème « Eau et Assainissement : enjeux et risques sanitaires en Méditerranée » s’est tenue à Rabat du 22 au 24 Novembre 2011. Cette conférence d’une particulière richesse informative à révélé l’importance des problèmes de santé publique liés à la qualité inégale de l’eau et à la faiblesse des équipements sanitaires.

Pour la seule région Méditerranéenne, 47 millions de personnes sont dépourvues des structures hygiéniques de base dont 25 % des foyers ruraux de cette région.

Outre les impacts socio économiques inhérents à l’accès aux équipements sanitaires et à l’eau propre, l’impact sur la santé est considérable : plus de 20 maladies peuvent être transmises par l’eau. 3 pathologies infectieuses dominent la scène en Méditerranée :

  • les diarrhées infectieuses, seconde cause de morbidité et de mortalité infantile dans le monde et qui touchent chaque année plusieurs dizaines de milliers d’enfants dans la région Méditerranéenne (12 % de la mortalité infantile, 14 000 morts par an). Et la large diffusion des boissons sucrées ont concouru à développer une alimentation à haute densité énergétique et à favoriser une surconsommation calorique.
  • Les salmonelloses – plus de 170 000 000 de typhoïdes, identifiées en 2009, l’hépatite A.

Il est clair, qu’au-delà des composants spécifique que nous n’analyserons pas aujourd’hui et que l’on pourra retrouver dans le volume conclusions, recommandations, la lutte contre les grandes pathologies dominantes liées d’impact aux insuffisances qualitatives alimentaires et d’autre part aux risques infectieux et toxiques liés à l’eau et à l’environnement reposent sur des stratégies communes et des dénominateurs communs :

1. La connaissance de l’épidémiologie des méthodes en Méditerranée et de leurs déterminants.

2. L’éducation à la santé : les propositions très concrètes du GID s’inscrivent dans le cadre d’un grand programme régional « Santé et Sociétés Méditerranéennes » et ses 2 volets Alimentation-Nutrition, Santé et Eau, Assainissement, Santé. Elles comportent :

  • un projet de création d’un observatoire en réseau de la santé en méditerranée. Ce projet piloté et coordonné par Alain Jacques Valleron vise à récupérer les 3 missions suivantes :
  • épidémiologie descriptive des pathologies et des facteurs de risques dans la région,
  • surveillance et détection des maladies transmises existantes ou émergentes,
  • observation des paramètres environnementaux a priori d’importance pour la santé humaine.

Sur le plan technique, le réseau utilisé, les technologies internet afin que des protocoles communs de recueil, d’analyse et de diffusion soient employés sur les différents sites et permettent la création de bases de données communes.

Sur le plan de l’organisation, le réseau reposera sur des centres collaborateurs dont certaines seront des centres de références sur une pathologie et de façon transversale, 2 centres d’appui seront créés.

Le 1er sera un centre d’appui aux activités de formation.

Le 2ème, mettre au point les outils informatiques nécessaires à l’ensemble du réseau.

  • le second axe d’intervention proposé par le GID est celui de l’éducation à la santé et notamment familial et communautaire. Cette composante éducative est essentielle dans le domaine de la qualité intentionnelle que celui de la prévention des risques infectieux et du rôle essentiel de l’hygiène.

Le GID a le privilège de pouvoir disposer par le site WHEP (Women Health Education program WHEP.info) d’un outil puissant de communication et de diffusion du savoir.

Essentiellement ciblé actuellement sur les pays en développement d’Afrique Sub-Saharienne, le site WHEP dispose des capacités suffisantes pour inclure désormais les éléments d’éducation santé publique majeurs de la région Méditerranéenne. Il est prévu par ailleurs dans le cadre de l’élaboration en réseau régional de la santé, de constituer un centre d’appui des activités de formation ciblées sur les personnels techniques et administratifs de santé.

Ces dénominateurs communs, observatoire régional et stratégies éducatives seront complétés par des dispositifs spécifiques dont on trouvera les propositions dans les recommandations de Parmenides 2 et de Parmenides 4.

Au total, la mise en place d’un grand programme régional « Santé et Sociétés Méditerranéennes », appuyé par un réseau de centres collaborateurs et un centre régional de référence et de formation constituerait une demande décisive dans l’amélioration de la santé, à un moment crucial de l’évolution des Sociétés Méditerranéennes.

Les sciences et les technologies dans le développement méditerranéen : perspectives

Convergences euro-méditerranéennes

   

14-topin-454edJean-Claude Topin, chargé de mission du GID

Jean-Claude TopinLes défis d’une vision intégrée du développement scientifique en Méditerranée appellent des modes d’intervention complexes, une mise en commun de ressources, et des réponses à des besoins croissants de valorisation humaine. Pour exemples, il peut s’agir de consortiums de coopération (programme euro-méditerranéen 3+3 de recherche informatique entre le Maghreb et le Sud-ouest de l’Europe) ou de grands instruments (synchrotron SESAME en Jordanie) qui forgent des réseaux de chercheurs.

Les conférences Parmenides le montrent : Les attentes placées dans les richesses de la diversité méditerranéenne nécessitent de construire, à diverses échelles territoriales, des partenariats scientifiques forts qui inspirent, sinon même gouvernent, ces réseaux et portent la dimension humaniste et universelle de la connaissance au cœur de l’activité économique et des politiques publiques.

La coopération française, par son organisation bilatérale, n’a que très récemment encouragé ce mouvement . Une initiative, cependant, a délibérément anticipé, dans le domaine des Mathématiques (Pr Lebeau), par l’encouragement donné au développement de « convergences euro-méditerranéennes » (colloque de Nice en janvier 2007). Un laboratoire « hors les murs » est né, laboratoire international associé du CNRS (France), impliquant plus de 200 chercheurs au Nord et au Sud de la Méditerranée, structure légère de « coordination et incitation » rapprochant les centres de mathématiques et ayant vocation à constituer un réseau pour les mathématiciens de la Méditerranée.

Les écoles de recherche du CIMPA, déjà de longue date (une vingtaine d’écoles depuis 5 ans sur le pourtour méditerranéen), tracent ces convergences mathématiques en Méditerranée.

En Physique, une initiative comparable, plus récente, a été prise : le développement d’Ecoles de Physique Avancée au Maghreb (nanomatériaux, hautes énergies, énergies renouvelables), prémisse d’une action ouverte à tous les pays riverains de la Méditerranée, dans l’esprit de l’Union pour la Méditerranée (UpM). Une Ecole a lieu en ce moment même à La Marsa, en Tunisie, sur le thème de la photonique.

Le Pr Brezin évoquera d’autres exemples d’actions emblématiques pour le développement de la recherche méditerranéenne.

Le champ des Sciences Humaines et Sociales, de manière symbolique, est également abordé (Mme Kmar Bendana). Huit instituts de recherche ont été créés en Méditerranée dans la mouvance de la diplomatie française (Tous ont aujourd’hui un statut d’unité de recherche internationale).

Il est intéressant de constater le développement de collaborations entre pays méditerranéens sous l’impulsion de chercheurs locaux. Les dynamismes de réseaux tissent des ponts entre sciences exactes et sciences humaines et sociales. Leur étude peut aider à la réflexion du GID sur « la science, moteur du développement humain et des sociétés ».

Une analyse des domaines de recherche et d’innovation sur le développement durable et nécessitant une coopération entre pays méditerranéens restait à faire. C’est l’objet du propos de M.Bernard Hubert, Président d’Agropolis, qui présentera les travaux de l’Atelier de Recherche Prospective PARME de l’ANR (France) et évoquera des modes opératoires souhaitables à l’échelle méditerranéenne.

Convergences Mathématiques en Méditerranée

   

15-lebeau-3aab5Gilles Lebeau, Académie des sciences, Institut de France

Gilles LebeauCIMPA Centre International de Mathématiques Pures et Appliquées.

The aim of the CIMPA is to promote international cooperation in higher education and research in mathematics and their interactions. CIMPA is a UNESCO centre located in Nice, France, with financial support from the French Ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche (France), the University de Nice Sophia Antipolis (France), the Ministerio de Ciencia e Innovacion (Spain) and UNESCO. In the mediterranean area, CIMPA has organized in the past 39 research schools in mathematics (for master and phd students) of about two weeks (Algeria : 3, Egypt : 4, Jordan : 1, Lebanon : 3, Morocco : 11, Tunisia : 9, Turkey : 4, Spain : 3, Syria : 1 ). There will be 5 schools in 2012 : Beirut, Casablanca, Fes, Hammamet, Meknes and 3 schools in 2013 : Birzeit (Palestine), Marakech, Tunis.

CIMPA has co-organized the Congrès franco-égyptien de mathématiques 3-5 mai 2010, Cairo, with the participation of more than 250 mathematicians from Egypt.

CIMPA is involved in a project for the creation of a mathematical center in Istanbul for the training of students and young researchers.

LEM2I Laboratoire Euro-Maghrébin de Mathématiques et leurs Intéractions

LEM2I has been created in september 2009 as an Associated International Laboratory of the CNRS (France). It involves more than 200 researchers in applied mathematics from France, Spain, Italy, Algeria, Morocco, Tunisia. The aim of the LEM2I is to develop research programs and mathematical publications in collaboration between the partners. The founding comes from CNRS and from each partner institution :

  • Universities Clermont, Nice, Pau, and Ecole Polytechnique (France).
  • Classe di Scienza, Scuola Normale, Pisa (Italy).
  • BCAM, Bilbao, (Spain)
  • Algeria : ENS Kouba, Alger
  • Ecole Mohammadia d’Ingénieurs de Rabat
  • Tunisia : Ecole Nationale d’Ingénieurs de Tunis

LEM2I organizes international conferences, thematic workshops, schools on high performance calculus and developp an exchange program between researchers.

LEM2I is involved in the creation of the Master Méditerranéen de Mathématiques (submitted in april 2012 to the Erasmus Mundus program of the EACEA agency of the European Commission). It is also involved in the creation of a high level PHD training program in mathematics in the whole Mediterranean area. (thesis with 2 advisors on both sides, South and North, of the Mediterranean area)

INRIA Programme EuroMéditerranéen 3+3.

The EuroMediterranean 3+3 INRIA is a consortium of 14 partners :

  • Algeria : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS).
  • France : INRIA ; INRA ; CIRAD.
  • Italy : Politechnico di Milano (POLIMI) ; Univ. Cassino ; CNR ; Univ. Pisa.
  • Morocco : Centre National de la Recherche Scientifique et Technique (CNRST).
  • Spain : BCAM ; Univ. Deusto ; Madrid Institut for Advanced Studies ; Univ. Malaga.
  • Tunisia : Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS).

The aim of program is to reinforce scientific research in Applied Mathematics and Computer Sciences between researchers from the partner institutions. Scientific projects are selected for a duration of 4 years, and must involve at least 4 different research groups (from 2 different European countries and 2 different countries from the south).

The INRIA EuroMediterranean consortium might look favourably upon projects involving partners from Egypt and Greece.

Pour un développement scientifique intégré en Tunisie et en Méditerranée

   

18-bendana-298c5Kmar Bendana, historienne, Université de la Manouba, IRMC (Tunisie)

Je voudrais remercier les organisateurs de m’avoir invitée à ce cycle de réflexion sur le développement scientifique en Méditerranée et de donner la parole, à travers moi, aux sciences humaines et sociales, dans une université du Sud, deux positions qui structurent mon intervention.

Une expérience d’historienne

Je m’exprimerai surtout à travers mon expérience d’historienne de la culture et de la vie intellectuelle en Tunisie à l’époque contemporaine, notamment coloniale. Sachant que les historiens interrogent le passé en fonction du présent, on peut considérer que la Tunisie post- indépendance inspire mes questionnements. Une partie de mes travaux portent :

  • sur la place du savoir en Tunisie et sur les institutions d’enseignement dit supérieur dans la Tunisie coloniale, avant la création de l’université nationale (décret 30 mars 1960).
  • sur la place de la Tunisie dans le savoir orientaliste du XIXème et XXème siècles.
  • sur l’apport du savoir relevant des sciences humaines et sociales sur l’évolution contemporaine en Tunisie (par exemple dans la gestion administrative ou dans la culture journalistique).

Aussi, mon témoignage est-il celui d’un chercheur tuniso-centré certes mais cette limitation tient davantage à des frontières de terrain qu’à un chauvinisme. Alors que le système universitaire tunisien ne reconnaît légalement que les enseignants chercheurs, j’ai la chance d’être chercheur à plein temps au sein d’un institut de recherche affilié à l’Université de La Manouba [1]. Cette institution née officiellement en 1989 est le produit d’une coopération tuniso-française autour des archives françaises concernant l’histoire de la Tunisie coloniale. Mon cursus illustre la coopération scientifique selon trois modalités :

Au niveau de la formation, j’ai obtenu une licence d’histoire à la faculté des lettres et sciences humaines de Tunis en 1974 et soutenu un doctorat de 3ème cycle à l’université Paris I- Panthéon Sorbonne en 1982.

  • Recrutée en 1982 comme chercheur au sein de l’université tunisienne, j’ai rejoint un projet mené par Charles-André Julien et une commission d’historiens français et tunisiens. Cette entreprise bilatérale était destinée à microfilmer et à transférer une copie des archives de la Tunisie colonisée à un centre de recherche, sous la responsabilité du Ministère tunisien de l’Enseignement Supérieur. L’exploitation scientifique de ces archives a débuté en Tunisie en 1979 par des colloques, la publication des actes et d’un bulletin scientifique. En 1990, un institut de recherche est chargé de poursuivre le projet.
  • Depuis 1993, je suis chercheur associée à l’Institut de Recherche sur le Maghreb Contemporain (IRMC), un des centres français en Méditerranée ayant statut d’unité mixte du CNRS et du Ministère des Affaires Etrangères (USR 3077).

Sur la base de cette expérience mixte de la coopération, j’ai orienté mon exposé autour de trois points qui renseignent sur le paysage universitaire tunisien :

  • le rapport entre sciences humaines et sociales et sciences exactes
  • la question linguistique
  • la visibilité des sciences humaines et sociales tunisiennes à travers les livres, les revues et sur Internet.

Mes remarques sont nourries des différents facettes de mon activité de recherche : encadrement d’étudiants tunisiens (à partir du master surtout) ; animation d’écoles doctorales franco-maghrébines et d’ateliers d’écriture en sciences sociales, travail rédactionnel dans des bulletins et des revues.

Trois des mots-clés suggestifs qui ont traversé les débats d’hier structurent l’exposé : Intégration, Traduction ; Co-production ou Co-construction .

Intégration : rapprocher les sciences

Intégration, un terme axial pour le GID, me servira à évoquer un des blocages de la redistribution du savoir vers la société en Tunisie : le rapport faible, presque inexistant entre sciences humaines et sociales et sciences exactes.

Il ne s’agit ici ni de décrire le système tunisien ni d’en faire le procès. Cette rencontre me donne l’occasion de faire un diagnostic, à un moment où des possibles semblent ouverts. Je ne suis pas sûre qu’une chercheuse de base comme moi aurait pu être invitée avant le 14 janvier 2011. Je saisis cette opportunité offerte par une Révolution qui a secoué des certitudes et troublé des conforts pour penser avec vous une des pistes pour développer le savoir scientifique en Tunisie et en Méditerranée.

Dès l’indépendance, la classe politique tunisienne a lié savoir et recherche avec le développement. L’université nationale (née en 1960) a créé une infrastructure pour un large spectre de disciplines, de la médecine à la littérature, en passant par les mathématiques [2]. Ce dynamisme dans la fondation des facultés et des instituts, dans la diversification des diplômes et des cursus s’est poursuivi pendant des décennies et a donné à l’université tunisienne des enseignants et chercheurs de qualité. Seulement et malgré la succession des réformes, le rapprochement des grands secteurs de la connaissance scientifique (sciences exactes, humanités, lettres) n’a pas été pensé. Aujourd’hui, le système universitaire tunisien [3] produit certes une élite [4] mais moins dans les sciences humaines qu’ailleurs et leur rareté n’encourage ni les aides, ni les vocations (13% étudiants empruntent les filières humanistes). Doctorants et post-doctorants à l’étranger, se heurtent souvent à un déficit en langues et en humanités.

Le survol du panorama institutionnel donne des indices parlants sur cette absence de passerelles. La Tunisie ne possède pas d’Académie des Sciences (ni des Technologies). Une Fondation Nationale pour la Traduction, l’Etablissement des Textes et les Etudes née en 1983 prend, en 1992, le titre d’ Académie tunisienne des sciences des arts et des lettres ( Bayt al Hikma) et étend son champ d’intérêt à des ouvrages scientifiques et littéraires. L’institution reste spécialement attachée à la mise en valeur des manuscrits et des textes historiques, des biographies, une Encyclopédie Tunisienne , des choix de textes et auteurs formant la littérature tunisienne . Depuis 2007, elle est doublée par un Centre National de la Traduction ouvert sur des textes de la même veine, plus contemporains.

Alors que l’université tunisienne forme des médecins à la compétence reconnue en dehors des frontières, elle n’a pas institué un enseignement d’histoire de la médecine. Un courant éditorial existe bien autour de la médecine arabe médiévale, un thème orientaliste aujourd’hui bien labouré sans être relayé sur le plan de la formation et de la recherche. De la même façon, il n’existe pas un enseignement d’histoire des sciences, à l’exception de rares travaux, les sections de philosophie n’affichent pas d’enseignement d’épistémologie, comme on ne trouve pas de passerelles entre l’archéologie et la science des sols, ni la chimie…

La liste des pièces manquantes dans le puzzle des formations universitaires est longue. Les cultures humanistes et scientifique-expérimentale posent de sérieux problèmes de connexion, de jonctions. Alors que le mot d’ordre d’ interdisciplinarité est souvent invoqué, on constate que transdisciplinarité et transversalité sont absents du tableau. Le phénomène est flagrant dans les médias : les reportages et les enquêtes trahissent la faiblesse de la culture scientifique dans toutes les disciplines. Les passerelles entre sciences dures et molles sont un maillon négligé en amont des différentes réformes universitaires. La circulation entre les deux secteurs demande des formations transversales, des réflexions de fond, car faute d’une culture généraliste et médiatrice, on ne dispose pas d’accumulation synthétique entre les différentes disciplines ni de cursus polyvalents permettant d’en fabriquer. Cela explique entre autres l’absence de débats sur la base des choix scientifiques et éthiques et le manque de professionnalisme des enquêtes médiatiques.

A l’Université comme dans l’enseignement primaire et secondaire, il est temps de faire ce que deux ou trois générations d’un enseignement plutôt méritant n’ont pas réussi à faire : donner au savoir une facture moins technocratique et plus développante, en opérant d’abord une liaison entre ces deux secteurs du savoir, pour une meilleure synergie dans la connaissance et pour une meilleure intégration du savoir à la société tunisienne. Les universités, les institutions de culture et d’enseignement en Tunisie ont tout à gagner d’un rapprochement qui peut stimuler la réflexion sur les similitudes et différences qui régissent les professions les institutions et les pratiques scientifiques dans nos pays méditerranéens. L’intégration endogène du savoir est un critère pour développer le pays et pour améliorer la qualité de nos relations scientifiques, pour réguler nos besoins et nos échanges avec les voisins méditerranéens.

Parmi les métiers-leviers de cette intégration, ceux de documentaliste, d’archiviste, et de journaliste sont des relais essentiels pour sortir la connaissance scientifique de la stricte spécialisation et pour la diffuser dans la société. Dans la vague de renouvellement en cours du secteur journalistique, il serait bon de promouvoir la naissance d’un journalisme scientifique et ne pas cibler uniquement l’excellence dans la production du savoir. En tant qu’enseignante et historienne de la culture, je suis sensible à la médiation : la fluidité de la circulation est un facteur déterminant dans la qualité des recrues qui peuvent produire et transmettre la connaissance.

Traduction : langue, science et société

Le terme de traduction coule de source pour aborder la question linguistique, un angle mort des débats sur la science alors que, comme le sang et l’eau charrient la vie, la langue est un élément constitutif de la connaissance. Vu de Tunisie, l’usage des langues dans les sciences humaines et sociales traduit une dissymétrie qui dure. Dans les échanges scientifiques dans le bassin méditerranéen, la langue arabe joue un rôle minoritaire face à l’anglais, le français ou l’espagnol, les langues les plus utilisées. Mon expérience dans les comités de rédaction de revues et dans l’élaboration des ouvrages collectifs m’a appris à prôner le trilinguisme (dans les abstracts par exemple) pour aider à la circulation des publications. Ce déséquilibre linguistique n’est pas prêt de s’estomper, même si les projets de coopération, assument la difficulté de constituer des équipes plurilingues et veillent à enrôler des scientifiques capables de médiation linguistique pour assurer un ancrage local. Cette logique d’ONG et d’expertise exploite les meilleures compétences sans transformer la formation et la recherche ni favoriser la réciprocité des échanges Nord/Sud.

Que l’on constate ou déplore la position dominante de l’anglais, la vie scientifique internationale est régie par cette lutte d’influence. Les scientifiques tunisiens appartenant aux sciences exactes sont soumis à cette compétition, leur sélection à la base est empreinte de ce critère, leurs pratiques et leurs travaux sont programmés selon cet ADN. La compétition anglais/français qui secoue la francophonie touche également l’université tunisienne dans la mesure où elle vit largement sur un capital cognitif français dans les sciences expérimentales et exactes, les sciences de gestion et les sciences technologiques. Aussi, la langue arabe n’est-elle pas un souci immédiat pour les études médicales, technologiques, biologiques etc. puisqu’elle ne se s’impose ni pour la recherche ni pour la coopération.

Si la langue arabe est facile à neutraliser dans l’enseignement supérieur scientifique, elle l’est moins dans la sphère littéraire et des humanités. Commencée dans les années 1970 dans l’enseignement secondaire, l’arabisation s’affirme dans les années 1980 dans le cycle supérieur. Cela a stimulé la réflexion sur le transfert des connaissances, donné lieu à des rencontres et des congrès mais a divisé également le champ culturel et scientifique. Une séparation existe entre les francophones (formés à l’université française) et les arabophones (formés en Tunisie ou dans les universités du Machrek). Cette ligne de fracture idéologique oppose, au sein des institutions d’enseignement et de recherche, les défenseurs des sciences humaines arabes et ceux des sciences humaines en arabe . Face à la mondialisation du savoir qui passe par l’hégémonie de la langue anglaise, la présence de l’arabe fournit un critère tactique de recrutement, une donnée structurant des réseaux locaux, un thème de combat idéologique mais pas un facteur de valorisation endogène du savoir.

Or, les sciences humaines et sociales sont des savoirs situés. Elles sont intrinsèquement nourries du contexte, et le terrain constitue la force de leur apport. La langue joue un rôle primordial dans la construction de l’objet, dans l’accès à l’information et dans la compréhension de la culture sous-jacente. De ce point de vue, la langue arabe a une place essentielle dans la construction du savoir humaniste, en tant que vecteur du réel et en tant que langage scientifique, ce dernier étant tributaire de la position des chercheurs dans l’échiquier professionnel international et dans le monde arabe en particulier.

Au niveau régional, la circulation scientifique sud-sud est faible, clairsemée et manque de réciprocité. Les similitudes des paysages intellectuels arabes sont nombreuses mais travailler en profondeur sur les traits qui les rapprochent et les distinguent serait une réflexion préalable précieuse pour nourrir une action scientifique à l’échelle méditerranéenne. La langue arabe se décline selon plusieurs usages et plusieurs dialectes dans le Sud de la Méditerranée. Son enseignement au Nord est chétif et fragile (l’agrégation d’arabe a failli être supprimée en France en 2000). Les sciences humaines et sociales en arabe s’exportent certes de Tunisie vers le Machrek, mais ce mouvement à sens unique nourrit les universités du Moyen Orient ou du Golfe, sert l’emploi dans les médias orientaux ou l’expertise des ONG. Les retombées de la coopération scientifique vers le Golfe sont mineures sur la circulation du savoir et la dynamisation de la formation et de la recherche. Les échanges intermaghrébins sont également limités ; en l’absence d’une volonté politique et d’une stimulation de la coopération intellectuelle et scientifique, ils passent souvent par la France et n’enclenchent aucune dynamique globale. Dans l’espace scientifique maghrébin et arabe cloisonné, la langue française joue un rôle de relais, à travers le maillage français des centres de recherche tels que l’IRMC (Tunis), le CEDEJ (Le Caire), le Centre Jacques Berque (Rabat). Plus rarement, l’anglais fait le lien (CEMAT, Tunis et Oran) et permet des coopérations sporadiques entre universités du Maghreb et du Machrek.

Différentes langues parlées et écrites structurent l’histoire contemporaine de la Tunisie : l’arabe (écrit et dialectal), le français, l’italien, l’espagnol, le turc, le judéo-arabe, l’anglais sont des objets d’étude encore peu développés dans une perspective comparatiste. Le fil conducteur de la langue peut alimenter des projets de recherche puissants entre le Maghreb et le Machrek, les combinaisons linguistiques étant des indicateurs sociaux et culturels très parlants, dans le passé, comme au présent, et, à ce titre, porteurs d’un fort coefficient d’intégration du savoir sur les sociétés mêmes.

Co-produire la science, co-construire la paix

La dernière partie de mon intervention est nourrie par l’encadrement des écoles doctorales auxquelles j’ai participé, notamment sous l’égide de l’IRMC. Que ce soit dans des rencontres thématiques franco-maghrébines ou à travers des ateliers d’écriture [5], j’ai observé un déficit dans la connaissance mutuelle des bibliothèques réciproques et des communautés scientifiques. Alors qu’internet contribue à répandre l’information et à donner plus de mobilité aux scientifiques, notamment les plus jeunes, on continue à observer une dissymétrie dans la production de la connaissance et sa finalisation.

De cette expérience pédagogique, je retiens que pour co-produire la connaissance, les scientifiques du bassin méditerranéen doivent donner un meilleur équilibre à la situation linguistique. L’arabe, langue d’enseignement et de recherche dans beaucoup de pays du Sud de la Méditerranée est une langue de culture et de tradition. Elle est une langue diplomatique reconnue à l’ONU depuis 1974. Mais dans l’enseignement supérieur et la recherche, elle reste cantonnée à un usage national et un lieu de lutte idéologique dans la classe politique et chez les intellectuels. Pour s’imposer comme langue scientifique, elle doit dépasser le statut de langue des sources et des textes pour prendre une dimension de langue d’échange réciproque dans la sphère académique.

Aussi et pour clore cette entrée dans le sujet par la langue, je plaide de favoriser le multilinguisme -ce qui est banal- en renforçant la présence de l’arabe, afin de vivifier les réseaux scientifiques et y insuffler davantage de flexibilité et de réciprocité. Car la place de l’arabe traduit une inégalité dans la capacité intégrative du savoir entre rive Nord et rive sud de la Méditerranée. Pour parer à ce déséquilibre, l’enseignement des langues est nécessaire à tous. Mais pour une politique intégrative partagée et pour atténuer la rigidité de l’axe Nord-Sud, l’arabe doit accéder à une place plus conséquente dans la vie scientifique des deux côtés. Et cela ne peut passer que par la pratique scientifique et non par les diktats politiciens, d’inspiration identitaire et nationaliste.

L’édition classique et électronique sont les lieux de cette reconnaissance scientifique de la langue arabe. Pour construire un savoir ensemble et permettre à ce savoir de pénétrer utilement et en profondeur nos sociétés, la faculté de partager les résultats est aujourd’hui démultipliée par les technologies, à condition que les maillons linguistiques ne fassent pas défaut. On constate une uniformisation des pratiques technologiques parmi nos jeunesses dont les besoins et les rêves construisent des réseaux en fonction des contenus échangés. La frontière entre ces réseaux est souvent la frontière linguistique. L’édition scientifique tunisienne est bipolaire : les chercheurs cherchent la visibilité internationale et les meilleurs parviennent à se publier dans des revues classées, notamment dans les sciences dures. Mais la production nationale est le plus souvent cantonnée dans des publications peu mises en valeur par l’université, aujourd’hui décentralisée mais sans de vraies courroies de passage. On constate souvent que les comités de rédaction de revues s’auto-publient, ce qui ajoute au cloisonnement entre les facultés et les centres de recherche. L’université tunisienne étant jeune, chaque nouvel établissement cherche à créer sa propre revue et à augmenter ses publications. Ce fonctionnement éclaté favorise le repli des laboratoires ou l’existence de coopérations sans retour sur le cadre d’origine. L’implication des jeunes doctorants est faible dans ces institutions de recherche et l’initiation à la vie scientifique tardive, ne traduit pas la lente imprégnation qui mène à la production scientifique.

Comme scientifiques du Sud de la Méditerranée, les Tunisiens sont plus armés pour accéder à la production du nord que le contraire : quand l’universitaire tunisien souvent bilingue détient une troisième langue, les portes s’ouvrent. Au nord de la Méditerranée, le bilinguisme des chercheurs passe le plus souvent par l’anglais et très rarement par l’arabe. Cette situation entraîne un manque de visibilité de la production en langue arabe. Livres, ouvrages, revues produits en Tunisie ont une distribution limitée à cause de la méconnaissance de l’arabe et de la faiblesse du mouvement de traduction. L’absence des universités du Sud de la Méditerranée dans les classements internationaux trouve une partie de son explication dans ce déséquilibre.

Les sciences humaines et sociales sont au centre de tout projet de développement scientifique intégré, en Tunisie ou en Méditerranée. Ce développement ne consisterait pas seulement pour chaque pays à accentuer des relations avec l’extérieur (objectif à garder toujours vivant) mais à concevoir chez soi des programmes en profondeur qui, tout en réalisant de nouvelles poussées dans des axes prioritaires (celui du raccorder sciences dures et molles me semble un levier puissant pour le cas de la Tunisie), travaillent à développer une production scientifique reliant culture et savoir. Ajouter l’arabe à l’impératif de multilinguisme nécessaire à construire une Méditerranée de la science serait bénéfique à la pratique scientifique endogène au sein des sciences exactes et contribuerait à dégager l’arabe des discours identitaires et de l’idéologie nationaliste. Enfin, travailler à développer l’arabe comme langue scientifique transméditerranéenne, serait un geste de pacification très fort qui, à mon avis, générerait une économie du savoir plus équilibrée, plus riche, plus enracinée.

Si le GID peut servir, dans mon pays, à avancer dans ces directions, ce serait déjà un grand gain.

Le Programme TransMed de l’ANR

   

19-hubert-323f7Bernard Hubert, Président d’Agropolis International, Montpellier (France)

Le monde méditerranéen est un ensemble biogéographique, historique et culturel extrêmement riche. C’est aussi un espace fragile, particulièrement sensible aux mutations en cours au niveau mondial : globalisation de l’économie, transition démographique, standardisation des modes de vie et des comportements, avènement de l’ère de l’information, de la communication et des transports, changement climatique. L’enjeu majeur pour l’avenir de la région réside dans la construction d’un espace euro-méditerranéen réellement intégré, tant sur le plan économique que politique. La recherche est naturellement interpellée pour contribuer à relever ce grand défi. L’objectif de l’atelier de réflexion prospective (ARP) PARME (Partenariats et Recherche en MEditerranée), commandité par l’ANR (Agence Nationale de la Recherche) et coordonné par Agropolis International, consistait à identifier les domaines de recherche et d’innovation qui nécessitent une coopération entre les pays du pourtour méditerranéen pour un développement durable de la région et à réfléchir aux modes opératoires susceptibles de favoriser cette coopération.

L’ARP-PARME a mobilisé plus de 130 experts, appartenant à une soixantaine d’organisations dans dix pays et issus de diverses disciplines : agronomie, énergie, sciences de l’environnement, géographie, économie, sciences politiques, sciences de l’homme et de la société… Il a duré dix-huit mois, de janvier 2010 à juin 2011, au cours desquels quinze ateliers de travail thématiques et transversaux ont été organisés. L’étude s’est déroulée en quatre phases : (i) une synthèse de 80 études prospectives intéressant la Méditerranée, réalisées ces dix dernières années ; (ii) l’élaboration d’un cadre de réflexion prospective commun portant sur les grands enjeux identifiés dans la phase précédente et la mise en place de groupes de travail thématiques sur ces principaux enjeux ; (iii) l’identification d’axes de recherche prioritaires pour répondre aux grandes questions de chaque thématique ; (iv) une analyse transversale des propositions de façon à mettre en avant une formulation favorisant leur intégration d’un point de vue systémique, ayant conduit à la rédaction du rapport final.

Ainsi, outre l’analyse prospective des grands enjeux de la région à l’horizon 2030, l’ARP-PARME a abouti à des propositions argumentées de thèmes de recherche prioritaires à mettre en œuvre dès aujourd’hui pour affronter les défis de demain, dans cinq grands domaines : les hommes et les sociétés ; les territoires ; les ressources naturelles (les milieux, l’eau et l’énergie) ; l’agriculture ; l’alimentation et la santé. Les problématiques ont été raisonnées dans une vision intégratrice et transversale, en privilégiant un point de vue sur les populations et leurs territoires. Dans le domaine des hommes et des sociétés, les priorités de recherche s’orientent vers l’effet des interactions de civilisation sur l’évolution des cultures, des religions, des identités et des valeurs ainsi que des institutions politiques. Dans le domaine des territoires, les questions majeures portent sur les vulnérabilités et les complémentarités des espaces urbains et ruraux et leurs modes de gouvernance, avec un regard particulier sur les espaces littoraux. Dans le domaine des ressources naturelles, les principales préoccupations concernent la gestion adaptative des anthropo-écosystèmes, l’amélioration de la connaissance des ressources en eau et de leurs usages ainsi que la recherche d’une sécurité énergétique régionale minimisant l’empreinte environnementale. Dans le domaine de l’agriculture et de l’alimentation, la problématique de la sécurité alimentaire quantitative, nutritionnelle et sanitaire, assurée par des systèmes de production durables, occupe une place centrale. Elle se décline au niveau des politiques agricoles, des systèmes de production, des filières de commercialisation et de la transformation des produits. Dans le domaine de la santé, les principales préoccupations concernent le développement spectaculaire des maladies non transmissibles liées aux modes de vie et à l’alimentation, et à leur prévention.

Des modes de partenariat sont également proposés pour favoriser non seulement les coopérations scientifiques entre les équipes des pays du pourtour méditerranéen, mais aussi les dynamiques d’innovation, technique ou organisationnelle, impliquant les pouvoirs publics, les entreprises, les gestionnaires et la société civile.

L’ANR lance en 2012 le programme TransMed qui s’inspire de ces propositions.

Conclusions et allocutions finales

Allocution de clôture de Michèle gendreau-Massaloux

38-mgm-94548  

Michèle Gendreau-Massaloux, Mission interministérielle Union pour la Méditerranée (France)

Allocution de clôture de Catherine Bréchignac

44-brechignac-b9bae  

Catherine Bréchignac, Secrétaire perpétuel, Académie des sciences, Institut de France, Ambassadeur délégué à la science, la technologie et l’innovation

 

Fin de la conférence

fin-b5321  

 

 


Notes :
[1] Il s’agit de l’Institut Supérieur d’histoire du Mouvement National créé en avril 1989 faisant suite au Programme National de Recherche sur l’Histoire du Mouvement National, créé en 1979.
[2] Cela a, entre autres, donné le Centre de Recherches Economiques et Sociales (CERES) créé en 1962. Les sections de géographie, de démographie, d’économie, de linguistique ont été dynamiques, une revue est née en 1964 (Revue Tunisienne des Sciences Sociales) et plusieurs publications en série
[3] 13 universités publiques, 193 établissements, avec un secteur privé d’enseignement supérieur en progression
[4] Un des exemples est l’IPEST
[5] Lire et écrire les sciences sociales : Animés avec Sihem Najjar et ouverts à des doctorants de toutes spécialités.

 

Communication de Koussay Dellagi
Présentation du programme Avicenne
Présentation du programme WHEP