Barcelone, 23/01/2017 (Agence Europe) – L’Union pour la Méditerranée (UpM) réunit ces lundi 23 et mardi 24 janvier 2017 à Barcelone, son deuxième forum visant à fixer un « agenda commun de développement pour la Méditerranée », axé particulièrement sur les jeunes et visant, surtout, à redynamiser pleinement une coopération depuis longtemps en panne. La rencontre qui implique, en plus des représentants des États membres, la société civile et des porteurs de projets, a été précédée par une réunion ministérielle informelle, coprésidée par l’UE, en l’occurrence par la Haute Représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères et la Politique de Sécurité et vice-présidente de la Commission européenne, Federica Mogherini, et, au nom des pays tiers, par le ministre des Affaires étrangères de Jordanie, Ayam al Safadi.

Échanges de vues politiques

Réunis informellement, les ministres présents ont évoqué, selon nos sources, lors de discussions qui se sont prolongées au cours du déjeuner, l’ensemble des sujets de conflits dans la région. Le  caractère informel de la rencontre n’autoriserait pas les confidences, mais on sait qu’il a été question surtout de la Palestine. Le ministre jordanien a insisté sur la préservation du processus des « deux États », appuyé ensuite par des déclarations en conférence de presse par Mme Mogherini qui a livré sa réponse suite à une question sur les rapports avec la nouvelle administration américaine. « Les différences n’empêchent pas le dialogue », mais « nous travaillerons avec nos propres positions » et « notre approche est d’aider à parvenir à la solution des deux États » en lien avec « nos partenaires de l’ONU, les Russes et les pays arabes ». Le ministre jordanien a laissé entendre qu’une nouvelle initiative arabe serait en vue lors d’un prochain sommet de la Ligue arabe.

Relancer l’UpM pour redynamiser la région en privilégiant les jeunes, l’emploi et la sécurité

Cette réunion ministérielle voulait s’inscrire dans l’esprit qui fut celui de la première du genre, le 26 novembre 2015 à Barcelone également, qui avait donné « un signal fort de soutien à l’UpM pour qu’elle devienne le cadre approprié de la coopération régionale ». Ainsi, les officiels de tous les pays présents ont réaffirmé aujourd’hui leur appréciation selon laquelle l’UpM est devenue « l’unique cadre intergouvernemental euroméditerranéen ». Une nouvelle fois, ils se sont félicités de la présence à la même table d’un ministre israélien, en l’espèce, le ministre de la Coopération internationale, Tzachi Haneghi, et du ministre palestinien, Anouar Maliki.

« Compte tenu de l’ampleur et du sérieux des défis, mais aussi du potentiel d’opportunités, le temps est venu de faire entrer l’UpM dans une troisième phase », ont-ils acté dans une « feuille de route » adoptée au terme de la réunion, et qui propose que de telles rencontres aient lieu désormais chaque année à Barcelone.

Les ministres ont eu en effet à apprécier le chemin parcouru et à réaffirmer cette volonté de redynamiser le cadre commun. Mme Mogherini a salué « les bons résultats » acquis et le succès de cette étape ». Cet « agenda positif et inclusif » serait ainsi le « signe de notre engagement intangible », a dit la Haute Représentante. Le Secrétaire général de l’organisation, Fathallah Sijilmassi, a présenté un rapport complet de l’activité, notamment les projets, au nombre de 47 déjà «  labellisés », et dont la mise en œuvre requiert un engagement financier de l’ordre de 5,5 milliards d’euros dont le tiers aurait un financement assuré, grâce notamment au concours de la BEI et de la BERD.

« Nous voyons un immense potentiel pour la région (qui mérite) un engagement commun », a affirmé Mme Mogherini, même si, a-t-elle ajouté, « la Méditerranée est une zone de conflits qui demeure une des régions les moins intégrées du monde ». Il faut « briser le cercle » en misant sur la jeunesse et la sécurité.

Son homologue jordanien a, pour sa part, rappelé le contexte difficile marqué par la poursuite de conflits armés dans le bassin oriental de la Méditerranée et la question palestinienne en premier lieu, plaidant pour un soutien déterminé à la « solution à deux États », Israël et Palestine.

Cette « feuille de route » exhaustive détaille l’ensemble des engagements pris ou à initier dans tous les domaines, avec le rappel des deux axes majeurs que sont la sécurité et la jeunesse, deux thèmes qui ne seraient pas sans liens. D’où l’impératif de création d’emplois et, à cet égard, divers projets spécifiques sont annoncés, notamment en direction des jeunes entrepreneurs. La coopération suédoise annonce aussi son concours et a signé avec l’UpM une convention de financement. D’autres conventions sont en cours d’approbation avec des agences des Nations-Unies comme avec « l’accord d’Agadir », structure de promotion du commerce « Sud-Sud » financée par l’UE.

L’action commune sera marquée du sceau des « 3P », a proclamé le Secrétaire général Sijilmassi, P comme politique, P comme plateformes de dialogue et, enfin, P comme projets.