La 43ème session de l’Académie du Royaume du Maroc s’est tenue du 8 au 11 décembre 2015 au Palais de l’Académie, à Rabat.

L’Académie du Royaume du Maroc a organisé cette session sous le thème: « l’Afrique comme horizon de pensée », avec la participation d’académiciens, penseurs et experts issus d’Afrique et d’ailleurs, invités à se pencher sur les thématiques suivantes:

  • Pensée africaine post-coloniale
  • Groupements africains: rôles et limites
  • Situation géopolitique de l’Afrique et convoitises internationales
  • Economies africaines et défis de la mondialisation
  • Coopération Sud-Sud: le Maroc et l’Afrique
  • Réalité africaine: idéntités et diversité ethnique et culturelle
  • Questions liées à la migration des jeunes et à la fuite des cerveaux
  • Les élites et les expériences de transition démocratique
  • Expérience de justice transitionnelle
  • Diversité religieuse en Afrique
  • Le Maroc et l’Afrique: liens islamiques et spirituels
  • Nouvelles formes de violence, de terrorisme et de guerres
  • L’Afrique et le développement humain durable
  • Penser l’Afrique autrement

En effet, il parraissait important d’aborder ces thématiques car l’Afrique a connu des mutations profondes qui requièrent l’ouverture d’un nouvel horizon de pensée, loin des théories et conceptions qui ont longtemps confiné ce continent à des clichés invariablement associés à la pauvreté, la malnutrition, les troubles politiques et les conflits ethniques. Penser l’Afrique objectivement n’est possible qui si l’on tient compte de la réalité africaine dans toutes ses manifestations, avec toutes ses composantes, ses paradoxes, sa diversité ethnique et culturelle, ainsi que ses défis démographiques, environnementaux, économiques, politiques et sociaux, son potentiel humain et naturel, sans oublier l’oeuvre de ses philosophes, penseurs et hommes de lettres qui se sont fait l’écho des préoccupations de ses peuples, ont analysé sa perception d’elle-même et esquissé ses perspectives d’avenir.

Dans cette même optique, François Guinot, Président du GID, est intervenu lors de cette session sur « LE CO-DEVELOPPEMENT EURO-AFRICAIN : DU CONCEPT AUX REALITES. LE ROLE DES ACADEMIES ». Après avoir rappelé les legs historiques, il souligne dans son intervention la situation actuelle dans laquelle la jeune Afrique et la vieille Europe sont convoquées par l’Histoire pour bâtir ensemble leur avenir. C’est ainsi qu’intervient le concept de co-développement euro-africain, défini comme un concept positif. Sur les deux continents proches géographiquement, des pays liés par une histoire commune épurée par le temps, et partageant des éléments culturels forts, s’engagent dans un partenariat mutuellement bénéfique, appuyé sur leurs complémentarités. La dimension humaine de ce partenariat, la solidarité qu’il veut traduire concrètement, en sont des éléments essentiels. Cette démarche s’incrit dans une stratégie de développement mutuel.

Par ailleurs, les Académies doivent jouer un rôle dans le co-développement. En effet, une Académie présente trois caractéristiques majeures : la compétence, l’indépendance, la pérennité. Son devoir est de sélectionner les meilleurs de la nation dans son domaine de spécialités et de maintenir l’excellence de ses savoirs. Sa mission est d’éclairer les choix de la société, en formulant des avis pour les décideurs politiques et en exposant au public l’état des savoirs pour qu’il forme son opinion sur des bases solides et objectives. Son indépendance de tout intérêt particulier ou partisan est, avec sa compétence, la condition de sa crédibilité. Une Académie participe au rayonnement scientifique et culturel de son pays. Formant des réseaux avec des Académies étrangères du même domaine, elle contribue aux avis qu’ils émettent pour des instances internationales, et à l’information de très larges publics. 

Cependant, les problèmes de développement sont multifactoriels et appellent des solutions multidisciplinaires.

Ainsi, par exemple l’éducation, pilier reconnu du développement, exige des prérequis qui touchent à la santé des enfants, à leur nutrition, à l’eau et l’assainissement, à l’énergie, aux transports, à des questions de sexualité même, etc. Et au-delà de la technicité requise, des éléments culturels incontournables doivent être pris en compte. François Guinot a rappelé que c’est pour répondre à cette exigence de mobilisation des savoirs multiples indispensables au développement que onze grandes Académies nationales de France et d’Italie, du Maroc, du Sénégal et d’Egypte se sont associées en 2007 pour former le Groupe Inter-académique pour le Développement, le GID. Académies des sciences, des technologies, de médecine, d’agriculture, de sciences humaines forment ce noyau euro-africain d’Académies fondatrices, auquel sont désormais reliés des réseaux qui couvrent le bassin méditerranéen et l’ensemble de l’Afrique, auxquels s’ajoutent d’autres partenariats (avec l’Unesco ou l’Assemblée parlementaire de la méditerranée, par exemple).